Les irréductibles gaulois sont de retour !

Par Toutatis !!!
On en parle depuis des lustres de ce nouvel album d’Astérix !

Après huit ans d’absence de l’irréductible Gaulois, le 35e album de la série et le premier sans Uderzo est sorti jeudi 24 octobre dans 15 pays et en 23 langues, après plusieurs mois de suspense soigneusement entretenu.

L’album, qui entraîne le lecteur en Écosse, est réalisé par Jean-Yves Ferri (scénario) et Didier Conrad (dessin). De l’avis général des critiques, le passage de flambeau entre Albert Uderzo, 86 ans, co-créateur de la BD avec René Goscinny, et les nouveaux auteurs, est plutôt réussi.

Les Pictes ? Oui, les Pictes ! Ces peuples de l’ancienne Ecosse, redoutables guerriers aux multiples clans, dont le nom, donné par les Romains, signifie littéralement « les hommes peints ». Astérix chez les Pictes, c’est donc un voyage épique vers une contrée riche de traditions, et la découverte d’un peuple dont les différences culturelles se traduiront en gags et jeux de mots mémorables. Sur les forums de lecteurs, les paris sont ouverts et les discussions impatientes s’enchaînent… Du whisky ? Des lancers de troncs ? Des cornemuses ? Des noms en Mac ? Les origines du mur d’Hadrien et du monstre du Loch Ness enfin dévoilées ? Et même, qui sait, des Gaulois en kilts… Le suspense est entier !

A propos de Didier Conrad

Didier Conrad naît à Marseille le 6 mai 1959 de parents d’origine suisse. Il se passionne rapidement pour la bande dessinée et, à 14 ans, il envoie une planche au Journal de Spirou qui sera publié dans la Carte Blanche du no 1865. Cinq ans plus tard, en 1978, Conrad publie sa première bande dessinée dans le journal : Jason, sur un scénario de Mythic. Thierry Martens, le rédacteur en chef de l’époque, l’avait mis en contact, deux ans plus tôt, avec un autre auteur qui habite lui aussi Marseille : Yann. Les deux jeunes dessinateurs, bien qu’ayant des personnalités différentes, se trouvent des goûts communs et décident de travailler ensemble1. Après des tentatives ratés d’être publié dans Fluide glacial, ils proposent de nouveau leur travail au journal de Spirou. Ils publient leur première histoire en 1979. Sawfee : La Saga du pendu paraît dans le no 2143 du journal de Spirou. Le trait de Conrad est nerveux, proche de celui de Franquin. Les deux auteurs travaillent à la fois sur le dessin et sur le scénario.

A propos de Jean-Yves Ferri

Né dans une cabane en planches en bordure d’un champ d’avoine, il a gardé de ses premières années un amour immodéré pour la glaise du terroir. « Seul, le coquelicot m’enchante, Seule, la libellule m’émeut… » (Labours fous – Poésie Plon 1969). Nombre de ses albums dessinés témoignent de sa frénésie bucolique : ainsi ses Fables autonomes (Fluide Glacial 1996 – 1998 ). Classées à tort dans la catégorie humour, elles célèbrent une ruralité âpre et violente, située à mi-chemin entre le réalisme social des Raisins de la colère et le lyrisme printanier d’Oscar le petit canard. La consécration vient avec le personnage d’ Aimé Lacapelle. Héros de la campagne profonde, ce policier du BIT (Bureau d’investigation Tarnais) devient l’idole de toute une génération d’agriculteurs rebelles. Pour Ferri, le succès international est tel, qu’il lui permet de repeindre à neuf plusieurs fois sa cabane. Avec le scénario du Retour à la terre (dessin Larcenet), il tente de réconcilier ville et campagne et d’attirer l’attention sur le sort douloureux des chats déracinés. Dernier album solo de Ferri, De Gaulle à la plage, album anachronique et balnéaire sorti en décembre 2007 où le Général confond sa silhouette avec le Monsieur Hulot de Jacques Tati. Un De Gaulle à Londres est en préparation, et Ferri s’attaque également aux scénarios des irréductibles gaulois. L’auteur partage son temps entre la BD et le bouturage des dahlias.

Des Romains et de la bagarre, c’est tout ce qu’on aime ! Le nouvel album Astérix chez les Pictes promet d’offrir le meilleur d’Astérix, mais aussi des surprises et des nouveautés, avec en premier lieu les terribles guerriers Pictes. En voici justement un, reconnaissable à son kilt, digne d’un ancêtre de nos amis écossais. On note un motif en tartan atypique, rappelant le damier d’un drapeau de Formule 1. Une idée d’Albert Uderzo pour rendre ce clan picte particulièrement reconnaissable… et ridicule !

Blake et Mortimer

La série met en scène deux héros, Sir Francis Blake, un militaire de carrière (origine RAF) mis à la disposition des services secrets britanniques de contre espionnage militaire (MI5), et son ami le professeur Philip Mortimer, spécialiste en physique nucléaire. Ces deux compères se retrouvent souvent confrontés à leur grand ennemi le colonel Olrik parfois accompagné de ses hommes de main tels l’américain Sharkey, Razul (de la tribu des Bezendjas) ou encore le malfrat Jack. Dans certains albums, la présence du Capitaine Blake est seulement anecdotique. On remarquera que Nasir, un sikh natif du continent indien qui s’était mis au service des deux amis, va disparaître à partir du moment de la décolonisation. Le charme de la série est dû entre autres à un mélange savant de réalisme, de fantastique et de science-fiction.

A propos des deux derniers volumes : « La malédiction des trente deniers »
- chronique de S. Farinaud (BD Gest’) –

Lire un Blake et Mortimer c’est comme regarder un vieux Columbo. Le méchant est connu avant même l’apparition du rôle titre. Le lecteur se plonge dans un univers douillet, très codifié, très premier degré, pour se laisser entrainer dans une énième variante de la même histoire d’aventure-espionnage où la science le dispute au mystique et au fantastique.

Lire un Blake et Mortimer c’est aussi très second degré. Surtout les œuvres sous licence. Le lecteur veille, tel le gardien du temple, à ce que les codes aient bien été respectés et l’œuvre de Jacobs préservée. Chaque album se doit d’être un hommage. Avec « La malédiction des trente deniers », ligne claire, récitatifs copieux, suspens en bas de page, caractères des personnages, tout est respecté jusqu’à cette courtoisie surannée et cette morale bien-pensante, un peu dame patronnesse, qui égrainent le récit. Les méchants sont vils et les bons droits dans leurs bottes. L’infâme Olrik est toujours infâme. Tout va bien.

Côté intrigue, Van Hamme louche cette fois du coté d’Indiana Jones : une relique biblique chargée de symboles et de présages risque de tomber dans les mains d’individus mal attentionnées qui espèrent ainsi devenir maîtres du monde. Étonnant de voir à quel point les scénaristes d’aventures occultes arrivent à renouveler leurs arguments, fussent-ils de plus en plus minces. Mais Van Hamme est un vieux routard, tout est mené de façon magistrale, sans temps mort. Il tire des ficelles grosses comme des câbles, avec deux trois passages en force à la limite du Deus Ex Machina. A la Charlier en quelque sorte. Seule concession à la modernisation de l’œuvre, les récitatifs allégés, moins pléthoriques et pléonasmiques qu’à l’accoutumée, rendent la lecture plus fluide.

Reste qu’au delà de l’album il y a l’histoire humaine qui sous-tend sa réalisation. René Sterne qui décède brutalement après avoir dessiné quelques planches, l’éditeur qui accepte que sa femme reprenne le pinceau malgré les retards prévisibles, le dur labeur de Chantal De Spiegeleer pour achever l’album et rendre la transition invisible, tout est raconté par Van Hammne dans une préface mélancolique qui nous fait aborder l’album avec bienveillance.

– Résumé du dernier album :Voici presque 2000 ans, l’apôtre Judas vendit le Christ aux Romains pour trente deniers d’argent. Blake et Mortimer doivent les retrouver avant qu’ils ne fassent à nouveau couler le sang. En effet, l’ancien SS von Stahl est prêt à tout pour s’emparer des pièces maudites, convaincu que leur pouvoir maléfique lui permettra de régner sur le monde. Et pour ce faire, il s’adjoint les services d’Olrik après l’avoir fait évader de sa prison américaine. L’insaisissable « colonel », plus retors que jamais, est bien décidé à se venger de ses vieux adversaires.

XIII – Dernier Round

Jean Van HammeJean Van Hamme revient pour le dernier tome Le Dernier Round qui constitue le dénouement de cette BD au succès colossal, mais aussi sur les moments forts d’une aventure qui aura duré près de 25 ans. Générique de fin !

L’épilogue de la série : Tome 19, Le Dernier round – Un héros qui s’efface

« XIII est plutôt en retrait dans cet épisode. Il ne lutte plus contre une menace de mort ou pour échapper à une condamnation. Son seul but est de retrouver son identité. En cette fin d’aventure, il n’est plus vraiment un héros magnifique. »

Les femmes au pouvoir

« Qu’elles soient du bon côté comme Jones, à moitié du bon côté comme Jessica ou carrément du mauvais comme Felicity et Irina, elles mènent incontestablement la danse. J’aime les femmes fortes, intelligentes qui sont de vrais partenaires pour les hommes. Je me sens moins d’affinités avec les bonnes mères de famille s’occupant des enfants et disant toujours oui à leur conjoint. Je ne pense pas qu’une femme d’action puisse finir sa vie en reprisant des chaussettes, fût-ce face à l’Atlantique. En fait, j’aime les femmes et les hommes qui ont une personnalité. »

L’Amérique en question

« L’image de l’Amérique se fissure de plus en plus. Nous ne sommes plus dans les années cinquante où l’on avait encore frais en tête le souvenir des Américains venant nous délivrer des Allemands. Finie la belle image « chewing-gum, Coca-Cola et boogie-woogie ». Aujourd’hui l’Amérique a un vrai problème de maturité, de croissance, d’identité. Les Américains ne savent plus très bien s’ils sont les bons ou les méchants. »

Histoire d’une saga

L’arrêt de la série

« Il faut savoir arrêter une histoire quand on a l’impression d’être arrivé au bout d’un long cycle. Il ne faut pas la continuer artificiellement pour une simple raison materielle. Il est possible que ce soit une première. Je préfère agir ainsi de mon vivant. Qui n’ a jamais rêvé d’assister à son enterrement ? Je me paie un fantasme que peu de gens peuvent s’offrir. Je désirais récupérer du temps pour d’autres projets. XIII était devenu un jeu qui consistait à tirer des ficelles auxquelles le lecteur ne s’attendait pas. Tout jeu doit avoir une fin. Je voulais simplement terminer cette belle aventure en apothéose ».

Ses albums préférés

« Il y en a deux, Le dossier Jason Fly et La Nuit du 3 août, seul moment de l’aventure ou XIII est vraiment à la recherche de son passé. Ce dyptique présente aussi mon personnage féminin préféré, la pharmacienne Judith. Un personnage direct, cynique, franc. Le genre de femmes qu’on aimerait connaître. La Nuit du 3 août est bâtie comme une pièce de théâtre, avec unité de lieu, de temps, d’action. Dans les autres albums, XIII passe son temps à se demander « D’où viens-je, qui suis-je ? ». Ici, il y avait une vraie recherche d’identité et c’était formidablement intéressant ».

Son complice, William Vance

« Je n’ai jamais oublié qu’en 1984, lorsqu’il a accepté de dessiner Le Jour du Soleil Noir, il était déjà un auteur célèbre et moi un total inconnu ! Il passe au moins un mois et demi à rassembler sa documentation avant d’attaquer le dessin. Il sera attentif au moindre détail, aux galons, à la place des fourragères… Peu de dessinateurs connaissent l’Amérique aussi bien que lui sans y être jamais allé. Mon rêve est de le convaincre de m’y accompagner maintenant que notre histoire est bouclée. Il pourrait ainsi vérifier à quel point le pays réel correspond à celui qu’il dessine ».

Ses projets à venir

« Je continue d’écrire les aventures de Largo Winch et de Lady S. Je travaille sur un projet de téléfilm se déroulant dans les Indes françaises sous Louis XIV. Je travaille également à un scénario tiré de mon roman Le Télescope. Un one shot de 70 ou 75 planches dont je ne connais encore ni le dessinateur ni l’éditeur. Un sujet totalement inhabituel pour moi : on y voit cinq sexagénaires s’apercevant qu’il est temps de commencer à vivre ».

Portrait réalisé en octobre 2007 publié sur le site www.decitre.fr